11:45 — Ce que contestent les opposants aux écritures inclusives, ce n'est pas leurs existences, mais leur légitimité, jusqu'à vouloir interdir son usage par des acteurs privés dans la sphère publique.
11:50 — Le fait linguistique ne suffit pas pour eux à établir la légitimité. Pour eux, dans la tradition réglementaire française à laquelle nous devons l'Académie Française, en amont même de la légalité, la légitimité d'un usage de langue se fonde sur ce qu'ils nomment la Grande Littérature. Tout est attaquable ici, mais au terme d'un débat long, infructueux, fatiguant et le plus souvent stérile. Sans compter qu'il faudrait le reprendre avec chacun de leurs partisans.
11:54 — L'idée du concours littéraire sur le thème des écritures inclusives est de faire irruption derrière leurs lignes, en ne contestant pas le fondement de la légitimité d'un usage de la langue sur la Grande Littérature, mais de jeter dans cette littérature un livre artistique et non-polémique sur le thème des écritures inclusives. Non-polémique ne veut pas dire non-problématique. L'usage littéraire des écritures inclusive ne disqualifie pas l'usage littéraire d'écriture non-inclusives. Ne se disqualifiant pas mutuellement, ses usages peuvent entrer en dialogue au sein d'une même œuvre.
12:04 — Ainsi, s'il est évident qu'un concours littéraire sur le thème des écritures inclusives recevrait des textes utilisant ces écritures, poser cette utilisation comme une obligation interdirait le dialogue des écritures inclusives avec l'écriture classique (pourtant le principal intérêt de l'exercice à mes yeux), transformerait une exigence de fond en une exigence de forme, écarterait la problématique pour imposer un point de vue, radicaliserait le propos, poserait ses organisateurs en extrémistes. Les écritures inclusives seraient alors imposées et non plus interrogées.
12:10 — En ce qui me concerne, si j'avais connaissance d'un concours où les écritures inclusives étaient imposées, je ne m'y intéresserais tout simplement pas, ni pour concourir, ni même pour lire les résultats : le parti y serait pris, le point de vue idéologique et pas littéraire.
12:32 — Un fait s'impose de lui-même, il n'y a pas lieu de l'imposer. Le décrêt, qu'il s'agisse de celui des tenants du pouvoir, opposants au fait, ou de celui des résistants, partisan du fait, n'a pas lieu d'être. Imposer les écritures inclusives a la même valeur que de les interdire. On s'empare de la langue pour exprimer ce qu'on veut comme on peut, et c'est la seule légitimité qui compte.