22:21 â Lorsqu'on organise un concours littĂ©raire, arguer de rejetter l'esprit de compĂ©tition pour refuser d'Ă©tablir un classement des textes retenus est un argument fautif. En effet, l'esprit qui anime les concours littĂ©raires n'est pas celui de compĂ©tition, mais celui de distinction. En effet, les autrices et auteurs participant Ă un concours, mis Ă part, peut-ĂȘtre, quelques imbĂ©ciles qui feraient mieux de faire du sport, ne cherchent pas Ă rĂ©aliser une performance, Ă ĂȘtre meilleurs que les autres. Chaque autrice, chaque auteur a son propre projet littĂ©raire et, le plus souvent, ignore complĂštement celui des autres. Le concours est l'occasion d'un exercice. Il n'y a pas de perte de temps, mĂȘme si le texte est perdu, car le concours aura Ă©tĂ© l'occasion d'un exercice.
22:53 â Chaque autrice, chaque auteur, tant que la consĂ©cration n'aura pas Ă©tĂ© trouvĂ©e, est Ă la recherche de son public. Pour cela, il faut faire lire et faire parler de son oeuvre le plus largement possible. En dehors d'une Ă©ventuelle rĂ©compense, la victoire Ă un concours littĂ©raire n'a d'intĂ©rĂȘt que pour cela. Beaucoup participants ne prendront mĂȘme pas connaissance du texte victorieux. Les autrices et auteurs s'ignorent les uns les autres et ne se sentent nullement en compĂ©tition. Leur souhait est d'ĂȘtre remarquĂ©, d'ĂȘtre distinguĂ© pour augmenter leurs chances de trouver leur public. C'est bien le contrat qui leur est proposĂ© au travers d'un concours. Distinguer dix textes en voulant ne pas marquer de prĂ©fĂ©rence revient Ă presque Ă n'en distinguer aucun. Autant dire que seul.e.s participeront celles et ceux qui auront dĂ©jĂ un texte correspondant au thĂšme.
23:04 â Qui plus est le concours, s'il s'accompagne de la publication des textes retenus, aura nĂ©cessairement Ă Ă©tablir un classement, celui de l'ordre d'apparition sur le support de publication. Ă moins de limiter cette publication Ă un support numĂ©rique, comme un site internet, oĂč il serait possible d'avoir recours Ă un affichage alĂ©atoire Ă chaque consultation, l'ordre d'apparition des textes doit ĂȘtre Ă©tabli. Et quel critĂšre alors utiliser pour justifier l'injustice commise Ă l'Ă©gard du texte paru en dernier et de son autrice ou auteur ? L'arbitraire de la prĂ©fĂ©rence d'un jury affirmant sa subjectivitĂ© a au moins le mĂ©rite de l'honnĂȘtetĂ©.