Je suis mort. Je prends le chemin des Enfers. On y pénètre par une large entrée de bunker. Tout de suite sur la gauche, nous suivons -- nous sommes déjà nombreux -- un couloir sombre, en béton, qui aboutit à un guichet.
Derrière l'hygiaphone, un employé distribue les tickets d'un air blasé. Puis nous descendons un escalier qui nous mène à une grotte immense. Sur le coup, cela m'évoque le hall d''un immense complexe cinématographique. À perte de vue, une foule immense, organisée en files par des cordons, attend. Chacun passe à son tour devant des guichets se faire remettre un ticket, lui donnant le droit de suivre une nouvelle file, pour accéder à un nouveau guichet.Tout cela dans un silence absolu : nous sommes des morts, nous ne pouvons parler ou respirer.
Le reste de mon existence doit désormais se dérouler ici, mon seul privilège étant d'aller de guichet en guichet de plus en plus profondemment dans les entrailles de la terre.
Mais voilà qu'elle vient me chercher, mon Eurydice !