Je suis une souris de laboratoire. Je cours dans un cage-labyrinthe au plancher électrifié : de temps en temps, une décharge me remonte dans les pattes pour me secouer douloureusement.
Je cours, cherchant une issue. Je m'engouffre dans un couloir. Il tourne. À mesure que j'avance, je me rend compte qu'il monte en spirale. Le couloir deviens plus étroit, si bien que ses murs touchent mes flancs. Il est bientôt si serré que je ne peux plus qu'avancer, ce que je fais de plus en plus vite, craignant le moment où je ne pourrais plus bouger, où je mourrai coincé.
Mais il n'en sera pas ainsi. Au sommet de la spirale, il y a une ouverture. Vue d'ensemble, cette construction évoque certaines représentations de la Tour de Babel.
Me voilà, le muserau en l'air, regardant au loin, très loin, le coucher de soleil sur la mer.
Il y a une plage. Sur le sable, en tain de pourrir, le cadavre d'un rat que je connais. Je voudrais lui venir en aide -- ne serait-ce que pour lui donner une sépulture décente. Mais je ne peux rien faire, je suis trop loin.
Je ne peux que regarder.